LA BEAUTE DE FORME
L’esthétique liée aux parties du bonsaï
- Le nebari
- Le tronc
- Les branches principales
- La ramification fine, la cime et les feuilles
- Le bois mort
- le pot
L’esthétique liée à notre perception
- Le naturel, la propreté
- le point focal
- Le vide
- La profondeur
- La symétrie / l’asymétrie
- L’équilibre dynamique
- La compacité
LA BEAUTE DE FOND
Amateur ou profane, tout le monde s’arrête devant un bonsaï alors que devant de superbes fruitiers en espalier,qui demandent pourtant la même maitrise horticole, beaucoup passent leur chemin.


C’est bien la preuve que le bonsaï n’est pas qu’une maitrise technique. Il nous inspire un ressenti spécifique qui vient de son esthétique, de sa beauté.
Esthétique et beauté
Pourquoi un bonsaï, pourtant doté de toutes les qualités, ne nous procure pas d’émotion particulière alors qu’un autre, ayant un ou plusieurs défauts visibles, devient presque instantanément un coup de cœur ?
Les philosophes tentent de nous en expliquer les causes en distinguant l’esthétique et le beau.
L’esthétique
L’esthétique est une discipline philosophique qui englobe :
- L’étude de la perception sensorielle
- La réflexion sur l’art et la création artistique
- L’analyse des jugements de goût et des émotions liées à l’art
- La théorie du beau, mais aussi d’autres catégories comme le sublime ou le laid
Elle s’intéresse donc à l’ensemble de l’expérience artistique et sensorielle, au-delà de la seule notion de beauté.
Le beau
Le beau, quant à lui, est un concept plus spécifique :
- Il désigne une qualité attribuée à certains objets ou expériences
- Il est généralement associé à ce qui procure du plaisir ou de la satisfaction
- Il peut être considéré comme une catégorie esthétique parmi d’autres (comme le sublime, le laid, etc.)
Principales différences
- Champ d’application : L’esthétique est une discipline philosophique, tandis que le beau est un concept ou une qualité.
- Étendue : L’esthétique englobe l’étude du beau, mais ne s’y limite pas. Elle s’intéresse à toutes les formes d’expérience artistique et sensorielle
- Objectivité vs subjectivité : L’esthétique tente d’établir des théories générales, alors que la perception du beau peut être considérée comme plus subjective
- Évolution historique : L’esthétique est une discipline relativement récente (18e siècle), tandis que la réflexion sur le beau remonte à l’Antiquité
- Approche : L’esthétique adopte une approche analytique et théorique, alors que le beau relève davantage du jugement de valeur et de l’expérience personnelle
En résumé, l’esthétique est une discipline philosophique qui étudie, entre autres, le concept du beau, tandis que le beau lui-même est une notion plus spécifique liée à la perception de la beauté dans les objets ou les expériences.
Pour les bonsaï, l’esthétique amène à la codification des styles, qui tendent à fédérer objectivement un consensus des goûts et des émotions liées aux arbres alors que notre perception personnel reste en partie subjective.
Reste à comprendre pourquoi nous pouvons trouver beau un bonsaï que des considérations purement esthétiques devraient nous amener à un autre jugement.
La réponse peut nous être fournie par la théorie de la beauté du philosophe allemand Karl Jaspers.
Selon lui, il existe une distinction importante entre la beauté de forme et la beauté de fond :
La beauté de forme
- Elle concerne l’apparence extérieure et l’esthétique visuelle d’un objet ou d’une personne.
- Elle est liée à l’esthétisme, c’est-à-dire aux qualités visuelles et sensorielles perceptibles.
- Elle se rapporte uniquement à l’aspect physique et tangible.
La beauté de fond
- Elle touche à l’essence même de l’être ou de l’objet.
- Jaspers l’associe à la notion de « saveur », qui représente la qualité intrinsèque et profonde.
- Pour un être complexe comme un humain, elle correspond à sa personnalité ou à son « charme ».
- Elle englobe les aspects intangibles comme le caractère, les valeurs, ou l’ambiance dégagée.
La beauté de fond est considérée par Jaspers comme plus fondamentale et significative que la simple beauté de forme.
Elle s’applique tant aux êtres simples (comme un paysage, dont la beauté de fond serait l’atmosphère qu’il dégage) qu’aux êtres complexes (comme un individu, dont la beauté de fond serait sa personnalité unique). Cette distinction souligne que la beauté ne se limite pas à l’apparence superficielle, mais inclut également des qualités plus profondes et essentielles qui définissent la nature véritable d’un être ou d’un objet.
En résumé, pour Jaspers, l’esthétisme est central dans la conception de la beauté de forme, représentant les qualités visuelles et sensorielles qui constituent l’apparence extérieure d’un être ou d’un objet. Cependant, il considère que cette beauté esthétique est moins profonde et essentielle que la beauté de fond, qui touche à la nature intrinsèque de l’être.
Pour les bonsaï, il devient donc évident qu’il existe des qualités qui, au delà de l’esthétisme de forme, apportent aux arbres une beauté de fond qui nous permettent de les apprécier tout en reconnaissant leurs éventuels défauts.
Evaluation de la beauté des bonsaï
Les prochains paragraphes traiteront des principales qualités que doivent avoir les bonsaï, et souligneront également les défauts à éviter. Pour étayer le propos qui précède, elles seront classées suivant qu’elles influent sur la beauté de forme ou sur la beauté de fond.
On rappellera simplement qu’un arbre s’observe en étant à hauteur du regard, qu’il se « lit » de sa base vers son sommet en suivant la ligne de tronc, en balayant l’ensemble de la structure aérienne en zig-zag et en ramenant le regard vers la base de l’arbre.
Enfin, un arbre n’a de beauté que s’il est en bonne santé.