Historiquement, les kakejiku ont été utilisés pour conserver et exposer les sutra bouddhistes provenant de Chine et de Corée.
Rapidement, ils sont utilisés à des fins non religieuses et servent à accrocher peintures et calligraphies, devenant ainsi un élément important de la décoration et de la méditation.
Véritables œuvres d’art, les kakejiku sont exposés comme tels dans les tokonoma des maisons traditionnelles ou des chashitsu (茶室 la maison de thé), dédiées à la cérémonie du thé.
Pour l’exposition des bonsaï, les kakejiku servent à occuper l’espace vertical et à indiquer la saisonnalité de la présentation.
Les kakejiku modernes permettent de changer la peinture ou la calligraphie, retenue sur le support par des fils ; les anciens kakejiku n’ayant pas cette possibilité.
Structure du kakejiku
De façon générale, un kakejiku est une composition verticale fabriquée à partir de papier et de tissu, liés à un rouleau de bois (jiku) et suspendu par une cordelette elle_même relié à un demi rouleau de bois placé sur le haut du kakejiku.
Il existe différents styles de kakejiku, chacun ayant une disposition et des proportions particulières.
Les Kakejiku sont asymétriques, avec une partie supérieure plus longue que la partie inférieure. Cela est dû à deux raisons :
- Les Kakejiku sont vus depuis une position assise (dans un kakemono), ce qui provoque une perspective biaisée. Une section supérieure plus longue équilibre la vision.
- Une section supérieure plus longue offre une plus grande protection (plus de couches) lorsque l’on roule la calligraphie pour la ranger dans sa boîte.
Le style Yamato

C’est le style le plus répandu. La calligraphie (honshi) est encadrée par deux tissus distincts qui ont été superposés, formant trois sections distinctes.
La partie centrale est constitué de deux piliers (hashira) de chaque côté de la calligraphie, ainsi que le (chūmawashi ) au dessus et en dessous Le tissu utilisé pour fabriquer les hashira et le chūmawashi est le même ; il est appelé « kireji » (裂地). La calligraphie est généralement soulignée en haut et en bas de deux rubans (ichimonji) faits traditionnellement de brocart doré.
Les parties supérieure (ten) et inférieure (chi) sont fabriquées a partir d’un tissu d’une couleur différente que la partie centrale.
La partie inférieure comporte le jiku , barreau en bois situé en bas, à partir duquel le kakejiku est enroulée pour être stocké. A chaque extrémité du jiku, le jiku-saki sert d’élément décoratif , de poids pour tendre le rouleau suspendu ainsi que de poignée pour manipuler le rouleau.

La partie supérieure comporte un barreau (hassō) en forme de demi lune, qui est relié au cordon de suspension (kake-himo). La forme en demi-lune du barreau lui permet d’être bien aplati sur le kakejiku lorsqu’il est enroulé et exerce ainsi une pression sur une surface plus large, usant moins le tissu.
Deux bandes verticales décoratives appelées (fūtai ) sont généralement fabriquées avec le même tissu que l’ichimonji sont accrochées sur le haut et restent flottantes. Cette particularité remonterait à l’époque où les calligraphies et peintures étaient exposées à l’extérieur, les futai faisant office d’épouvantail.
Le style Maru
C’est une version simplifiée du style Yamato. Il est utilisé pour les calligraphies et peintures de grandes tailles. Un seul tissu est utilisé pour les parties haute, médiane et basse et les futai sont absents.

Les matériaux
Traditionnellement, le tissu (kireji) utilisé pour les kakejiku peut être divisé en deux catégories : donsu (緞子 – damas) et kinran (金襴 – brocart d’or).
Le Donsu, également connu sous le nom de damas japonais, a d’abord été importé de Chine, puis fabriqué dans la région de Kyoto à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Il était principalement utilisé pour les accessoires vestimentaires, le mobilier du temple, le kimono de la mariée et les kakejiku. Le tissu est composé de motifs tissés sur une base satinée brillante. Le donsu le plus précieux est entièrement fait de soie.
Le Kinran est une variété de donsu dans laquelle sont tissés des fils d’or. Le Kinran est principalement utilisé pour les bandes de l’ichimonji et fūtai. Le Kinran peut être tissé avec de la soie pure et des fils d’or.
Afin de réduire les coûts tout en conservant l’esthétique exquise du kakejiku, une forme moderne de donsu a été développée au XXe siècle : kifune donsu (貴船 緞子). Le nom kifune vient de la région de Kibune à Kyoto. Les procédés de fabrication sont les mêmes, mais la chaîne est en coton de haute qualité et la trame est en cupro, un fil artificiel qui ressemble à de la soie.
La peinture ou la calligraphie peut être faite sur du papier Washi ou de la soie.
Sur le papier, l’apport d’encre provoque une dilatation puis une rétractation du papier en séchant. Pour remettre à plat l’œuvre, on l’encolle avec des couches de papiers très fins. C’est également le cas avec la soie ; le but étant à la fois de consolider l’oeuvre mais également de permettre de la rouler et la dérouler sans l’endommager.
Tout comme nos peintures occidentales, les kakejiku doivent être restaurés environ une fois par siècle. Ils sont alors totalement démontés, puis remontés après l’intervention.