L’écriture japonaise

HISTORIQUE DE L’ÉCRITURE JAPONAISE

Les kanji (漢字) sont des caractères ou idéogrammes empruntés aux chinois. En effet, jusqu’au Vème siècle, les Japonais ne possédaient pas de système d’écriture et leur langue était uniquement orale. Ils ont alors progressivement utilisé les idéogrammes chinois. Mais, les idéogrammes ne sont pas réellement adaptés à la langue japonaise, c’est pourquoi les japonais ont commencé par les utiliser non pas pour leur signification mais pour leur prononciation, c’est-à-dire en essayant d’utiliser des idéogrammes chinois qui se prononcent de façon identique ou approché par rapport à leur langue.

Vers la fin du VIIIème siècle, les japonais commencent à opérer un repli culturel par rapport à la Chine , ce qui leur permettra d’assimiler les apports étrangers pour les adapter à leur goût et culture. En effet, la plupart des idéogrammes chinois utilisés comportaient un grand nombre de traits. Il était par conséquent fastidieux d’écrire par cette méthode. C’est pourquoi, au fil du temps, vont naître deux nouveaux systèmes d’écriture basés sur l’écriture phonétique des idéogrammes chinois que l’on appelle kana.

Officialisés en 905, les caractères hiragana sont aujourd’hui utilisés pour écrire les mots d’origine japonaise (ceux qui existaient avant l’introduction des caractères chinois), mais aussi les mots introduits au cours des siècles (composés de caractères chinois) qui représentent plus de 60 % du vocabulaire japonais.

Les katakana ont été créés au sein les grands monastères dans le but de simplifier l’écriture des textes chinois. Chaque katakana ne conserve que quelques barres et quelques points de son idéogramme d’origine ; on les utilise de nos jours pour transcrire les mots d’origine étrangère (occidentaux pour la plupart) et les onomatopées.

Le système d’écriture actuel, que l’on peut qualifier d’hybride, mêle les trois styles d’écriture (hiragana, katakana et kanji), sans compter les caractères latins également utilisés dans certains cas. Pour compliquer encore plus les choses, il faut savoir aussi que les idéogrammes utilisés au Japon sont issus de différentes époques voire même de diverses provinces et dialectes, ainsi un caractère chinois peut parfois comporter plusieurs équivalents en japonais. D’où la complexité de ce système d’écriture, unique au monde.

Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, les kanji utilisés n’étaient pas standardisés et il fallait connaître un minimum de 4000 caractères pour comprendre le moindre journal ou magazine. C’est pourquoi, durant l’occupation du Japon, le Ministère de l’Education japonais commença une tâche de simplification de la langue. Le but était de restreindre l’usage des caractères japonais à un strict minimum mais suffisant pour pouvoir lire et écrire des documents au quotidien. Le principe consistait à se baser sur la fréquence d’utilisation des caractères pour ne sélectionner que les plus courants.

Les résultats de ses travaux ont donné en 1946 une liste de 1850 caractères qu’on appelle les tooyoo kanji : les kanji d’usage courant. Cette liste est périodiquement enrichie.

Actuellement, la révision de 2010 comporte 2136 kanji, censés être connus par les japonais à la fin de leurs études secondaires. Les 1026 premiers kanji de cette liste (les kyooiku kanji) sont enseignés aux élèves du primaire.

ÉCRITURE

Le japonais s’écrit donc au moyen de kanji (caractères d’origine chinoise) et de kana ( caractères japonais constituant deux syllabaires) Hiragana et Katakana.

Les hiragana ( » kana d’usage facile ») sont des signes phonétiques inventés par les Japonais pour mieux adapter l’écriture chinoise à leur langue. Ils sont formés par simplification des caractères chinois pris pour leur sons en faisant abstraction de leur sens. Les katakana furent inventés par les moines bouddhistes pour faciliter la lecture des sûtra. Les katakana ressemblent aux hiraganas mais ont une écriture plus anguleuse. Les kanji sont particulièrement nombreux (6 à 8000) : un écolier doit en connaître 1945. C’est à peu près ce qu’il faut pour pouvoir lire le journal.

Le syllabaire hiragana est utilisé pour écrire :

  • Les mots d’origine japonaise
  • Les furinaga (prononciation des kanji)
  • Les particules (wo, ha, no… très présentent dans la langue japonaise)
  • Les mots dont on ne connaît pas le kanji (ou qui n’en possèdent pas)

Le syllabaire katakana est utilisé pour :

  • Les mots d’origine étrangère
  • Les onomatopées
  • Produire un effet particulier, par exemple pour mettre un mot en évidence, un peu comme notre italique

Les deux syllabaires contiennent les signes correspondant :

  • aux voyelles isolées : a i u e o.
  • à la consonne isolée : n.
  • aux combinaisons des consonnes : k, s, t, n, h, m, r ,w avec les voyelles ci-dessus et la semi-voyelle y.
  • aux combinaisons avec les consonnes : g, z, d, b, p qui sont obtenues en ajoutant des signes diacritiques (  » – dakuten -, ° – handakuten -) aux combinaisons précédentes des consonnes k, s, t, h.

ÉCRITURE DES KANA

Voici les deux syllabaires :

Les kanas en rouge n’existent plus en japonais moderne, ils ont été remplacés par les voyelles simples i ou e. John Naka qui était déjà âgé quand il a écrit son livre, pour les forêts, utilise l’expression Yose-uye, alors que de nos jours on prononce Yose-ue. Il n’y a donc aucune erreur.

prononciation

PETITES SYLLABES

Certains caractères peuvent être combiner avec le son ya, yu ou yo. Dans ce cas, le son ya, yu ou yo est écrit plus petit que le phonème précédent auquel il est lié.

ACCENT TONIQUE ET SONS ALLONGÉS

Un petit tsu (つ ou ツ) inséré entre deux caractères ne se prononce pas mais indique que l’accent est mis sur la syllabe qui le précède. Outre l’accentuation, il provoque une légère suspension du son entre la syllabe accentué et la suivante.

Certaines voyelles peuvent être allongées en ajoutant « u », « i » ou encore « a » en hiragana et avec un tiret « – » en katakana.

exemple :

Ecole s’écrit en hiragana がっこう et se prononce « ga kkoo » (le double « k » indique l’accent et la suspension, le double « o » indique l’allongement du son « o ».

Football s’écrit en katakaana サッカー et se prononce « sa kkaa » (le double « k » indique l’accent et la suspension, le tiret »- » indique l’allongement du son « a ».

ALTÉRATIONS CONSONANTIQUES

Pour des raisons phonétiques, il arrive assez souvent qu’une consonne se transforme, dans une même famille de mots, en une autre plus adoucie :
EX :
KA ——> GA (Katakana ——> Hiragana)
KI ——-> GI
HON —-> BON etc….

Ce phénomène existe dans d’autres langues. Par exemple, dans les langues romanes N devient M devant M, B et P.

NUMÉRATION

Pour indiquer le nombre d’objets, de personnes,….le japonais utilise les chiffres auxquels il ajoute un spécifique numéral variable avec la nature de ce qui est dénombré.
exemple :

  • nin pour compter les êtres humains
  • mai pour compter les objets plats et fins : feuilles, assiettes, ….
  • hiki pour compter les animaux de petite taille : chiens, chats, poissons, …
  • tou pour compter les animaux de grande taille : chevaux, éléphants, baleines, …
  • hon pour compter les objets de forme cylindrique et allongée : crayons, baguettes, arbres, …

Par exemple, alors que san signifie trois, un groupe de trois arbres sera nommé « sanbon-yose ». Notez l’altération consonantique de « hon » (objets cylindriques) en « bon ».

ÉCRITURE EN CARACTÈRES LATINS : LE RôMAJI

Avant de poursuivre par quelques considérations sur les kanji, regardons ce qu’est le Rômaji. Le rômaji n’est pas une langue, c’est la transcription en caractères latins du japonais. Sans le dire nous l’avons utilisé plusieurs fois depuis le début et nous continuerons. Comme ce n’est pas une langue, il n’y a pas lieu d’appliquer les règles de syntaxe des langues romanes. Par exemple, nous avons vu qu’un groupe de trois arbres est désigné par sanbon-yose. « San » est l’expression de 3, « bon » vient par altération consonantique de « hon » (objets cylindriques). Il n’y a donc pas lieu d’écrire « sambon-yose » comme on le voit souvent en appliquant l’altération consonantique des langues romanes du n en m devant m, b et p.

Cas des voyelles longues : dans les kanas , parfois, certaines voyelles sont longues (allongement vocalique). Pour marquer cela, dans les hiraganas on ajoute au kana comportant la voyelle la même voyelle ; soit a, i, e ou u . Pour la voyelle longue ô on ajoute l’hiragana u, ou, parfois, pour des mots purement japonais, on double la voyelle o. Dans les katakanas on fait suivre le kana à allonger par un petit trait horizontal. Comment fait-on en rômaji ?

Il y a plusieurs façons de faire. Puisque la voyelle est apparente, et si la typographie le permet, on la surmonte d’un petit trait. Si la typographie ne le permet pas, on remplace le trait par un accent circonflexe.Ex : rômaji. Certains ajoutent un u après la voyelle. Ceci n’est pas heureux pour les lecteurs français dont la tendance naturelle est de prononcer les diphtongues au eu ou……

LES KANJI

Les kanji sont des idéogrammes c’est-à-dire des pictogrammes représentant un concept, une idée ou une chose. Un kanji peut avoir plusieurs sens et plusieurs prononciations.

Il existe des kanjis simples, formés par un unique pictogramme, et des kanjis composés, formés par l’assemblage de plusieurs pictogrammes.

Enfin, de la même manière que sont formés les kanji composés, les combinaisons de plusieurs kanji différents combinent leur signification pour former un nouveau sens et un nouveau mot.

Exemples de kanji simples :

Exemples de kanji composés :

Exemples de kanji multiples :


Il est malheureusement impossible de connaitre la prononciation d’un kanji en le voyant et la seule solution reste de les apprendre. Là où la difficulté augmente sensiblement, c’est que presque chaque kanji a plusieurs prononciations, avec au moins une prononciation « kun yomi » et une prononciation « on yomi ».

  • Kun yomi (訓読み) est la (les) prononciation(s) japonaise, généralement utilisée pour les kanji seuls ou lorsqu’ils sont utilisés dans les verbes ou les adjectifs,
  • On yomi (音読み) est la prononciation chinoise, généralement utilisée pour les kanji utilisés de façon composée.

Pour éclairer le lecteur sur la prononciation d’un kanji, en particulier pour les ouvrages destinés à la jeunesse ou aux étrangers, celui-ci est surmonté par sa prononciation en hiragana : cela s’appelle un furigana.

Dans un texte en kanji, on trouve également des okurigana (送り仮名, «kana qui accompagnent») ; ce sont des caractères ajoutés en hiragana à la suite des kanji pour écrire la partie variable des adjectifs et des verbes. Ils servent à indiquer la conjugaison ou une prononciation particulière du kanji.


Nombre de kanji sont formés à partir de deux ou trois parties. En effet, la plupart des kanji sont construits à partir d’un nombre limité d’éléments de base que l’on appelle clés (ou radicaux) qui sont combinés entre eux pour former un caractère. Ces clés sont au nombre de 214. Chaque kanji comporte toujours une clé principale qui prédomine par rapport aux (éventuelles) autres qui le composent.

La clé n’a pas de positionnement fixe dans le pictogramme. Ainsi elle peut être en partie gauche ou droite, en partie haute ou basse ou formé un encadrement partiel ou total.

La connaissance des clés est essentielle dans l’apprentissage et la compréhension des kanji.

CLASSEMENT DES KANJI

En particulier pour définir des dictionnaires, il a fallu trouver plusieurs méthodes pour les classer. Ces classements sont basés sur la forme et la structure des kanji.

Voici les trois principaux systèmes de classement utilisés :

  • Classement par numéro de clé principale,
  • Classement par nombre de traits,
  • Classement par prononciation.
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