Bonsaï-club du Lauragais
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Les bonsaïs → FLORAISONS

Une floraison plus riche... Comment l’obtenir ?

Le texte qui suit est la traduction en français de l’article de W.Kawollek paru, en allemand, dans la revue Journal Bonsaï n°3, 52-57, (1986) - revue qui n’existe plus.

Pour aérer, les listes de végétaux incorporées au texte ont été remplacées par des tableaux.


Chez certains bonsaïs comme le lilas, le pommier, le cerisier, le forsythia et de nombreux autres ligneux qui se distinguent par leur belles fleurs, l’obtention de l’apparence extérieure est seulement une des tâches de la mise en forme et particulièrement de la taille. Un but supplémentaire est d’activer, d’obtenir ou d’améliorer la formation de fleurs. C’est pourquoi, tout possesseur de bonsaï à fleurs doit « s’expliquer » avec les conditions de formation des fleurs des ligneux s’ils ne veulent pas renoncer à l’ornement des fleurs ou des fruits. Les fleurs sont vite éliminées par une taille au mauvais moment.

Dans une série d’articles sur la mise en forme des bonsaïs (voir cette rubrique), nous avons établi que la ramification, l’emplacement des bourgeons et - en relation avec ceci - la forme de croissance des arbres isolés, peuvent être multiformes ; il en est de même dans l’art de la floraison, car le lieux et le temps, c’est à dire où et quand les dispositifs floraux se forment, peuvent être très différents.

En revanche, il n’est pas très important, pour le possesseur de bonsaïs, de savoir si la présence de fleurs isolées ou si un grand nombre de fleurs variées (en grappes, en ombelles, en panicules etc...) sont liées aux localisations des fleurs.

En ce qui concerne les conditions de formation des fleurs, on distingue chez les ligneux, deux grands groupes.

GROUPE 1

Chez ces arbres les fleurs sont déjà préformées en automne sous forme de bourgeons à fleurs. Parmi ces ligneux à floraison précoce, on compte le cerisier (prunus), le pommier (malus), le forsythia, l’hamamélis, le lilas (syringa) et beaucoup d’autres espèces.

À côté des bourgeons à fleurs, on trouve encore chez eux des bourgeons à feuilles desquels, pendant la période de croissance à venir (période de végétation), sortiront seulement des pousses porteuses de feuilles, sous forme soit de pousses longues, soit de pousses courtes. Les bourgeons à fleurs se distinguent en général facilement des bourgeons à feuilles : les bourgeons à feuilles sont plus effilés et aussi plus pointus, les bourgeons à fleurs, par contre, plus larges et plus ronds.

L’emplacement des fleurs préformées en automne peut être différencié de telle sorte que les ligneux de ce groupe peuvent encore être subdivisés en quatre sous-groupes.

sous-groupe 1a

Les bourgeons à fleurs sont formés sur toute la longueur de la pousse de l’année. Les fleurs se développent sans intermédiaire à partir du bourgeon à fleurs (c’est la règle) ou alors avec formation intermédiaire d’un axe feuillu. À ce groupe appartiennent les ligneux suivants - intéressants pour les bonsaïs :

Betula bouleau
Buxus buis
Callicarpa
Cercidiphyllum arbre de Katsura
Corylopsis
Cotoneaster aussi s/Gr 1c
Crataegus aubépine. Aussi s/Gr 1c
Daphne mezereum daphne
Deutzia
Elaegnus
Forsythia
Hamamelis aussi s/Gr 1c
Hippophae arbousier. Aussi s/Gr 1c
Ilex houx
Jasminum nudiflorum jasmin d’hiver
Kolkwitzia
Nothofagus
Prunus pêcher d’ornement, amandier d’ornement, petits amandiers
Prunus cerasifera atropurpurea aussi s/Gr 1c
Prunus mume aussi s/Gr 1c
Prunus spinoza prunellier. Aussi s/Gr 1c
Prunus avium merisier. Aussi s/Gr 1c
Prunus serrulata cerisier à fleurs japonais. Aussi s/Gr1c
Prunus subhirtella cersier à fleurs japonais ; Aussi s/Gr1c
Prunus padus cerisier en grappes
Ribes groseiller à fleurs. Aussi s/Gr1c
Salix saule
Spirea spirée et toutes ses variétés précoces : S.arguta, S.thungergii, S.vanhouttei.
Tamarix tamaris et toutes ses variétés précoces : T.parviflora, T.tetrandra.
Weigela weigelia
Wisteria glycine dont les fleurs en partie se développent aussi pendant l’été à partir des axes feuillus (s/Gr 2b)

sous-groupe 1b

Les bourgeons à fleurs se trouvent en règle générale à l’extrémité de la pousse de l’année. Les bourgeons latéraux situés en dessous sont aussi, en partie, transformés en bourgeons floraux.

À ce groupe appartiennent les familles des ligneux suivants intéressants pour les bonsaïs :

Acer érables
Carpinus charmes
Cornus cornouiller : entre autres C.florida, C.kousa, C.officinalis.
Corylus avellana noisetier
Euonymus fusain
Fothergilla
Kalmia
Magnolia
Quercus chêne
Rhododendron rhododendron, azalée
Skimmia
Syringa lilas
Viburnum viorne

sous-groupe 1c

Dans ce groupe de ligneux, les bourgeons à fleurs se trouvent sur des pousses courtes particulières sur des bois de 2 ans et plus. En règle générale les pousses courtes subsistent en vie comme « bois à fleurs » pendant plusieurs années. Chez quelques variétés de plantes, à la floraison, quelques feuilles s’insèrent (par exemple chez les Berbéris).
À ce groupe appartiennent, entre autres, les familles des ligneux suivantes intéressantes pour les bonsaïs :

Alnus aulne
Amelanchier
Berberis berbéris, épine-vinette
Chaenomeles cognassier du Japon
Laburnum cytise
Malus pommier
Pyracantha
Pyrus poirier
Sorbus sorbier, alisier

sous-groupe 1d

Dans ce groupe de ligneux, les fleurs apparaissent directement sur le bois des pousses ou branches de plusieurs années ou même sur le tronc. Cette formation de fleurs décrite comme kauliflorie (ou Stammblütigkeit en allemand) est souvent trouvée chez les arbres tropicaux, plus rarement chez les ligneux des latitudes tempérées, comme par exemple :

Cercis arbre de Judée

GROUPE 2

Chez les ligneux que l’on peut attribuer à ce groupe, les bourgeons à fleurs sont formés seulement pendant la période de croissance. En raison de leur formation spécifique de fleurs, on les décrit aussi comme de floraison estivale.

Chez eux, en opposition avec l’autre groupe, il n’y a, à la fin de la période de croissance, qu’un seul type de bourgeons. On ne peut pas encore mettre en évidence une différentiation visible entre dispositif à feuilles et dispositif à fleurs.

À partir des bourgeons, surgissent d’abord au printemps, des pousses porteuses de feuilles. Dans le courant de l’été, il se décide alors si les bourgeons latéraux ou les bourgeons terminaux donnent des fleurs ou si ces bourgeons continuent à ne former que des feuilles.

Les ligneux que l’on peut rattacher à ce groupe ne jouent pas un grand rôle dans la formation de bonsaïs. C’est pourquoi je ne m’étendrai pas plus ici. Ce groupe aussi peut être subdivisé.

sous-groupe 2a

Les fleurs ou leurs localisations se construisent après la fin de la végétation en été ou automne comme pousses terminales ou latérales. Ici appartiennent, entre autres ligneux intéressants pour les bonsaïs :

Calluna bruyère
clerodendrum clerodendron
Cornus alba et cornus controversa cornouiller des pagodes
kerria corète du Japon
Ligustrum troëne du Japon
Philadelphus seringat
Photinia
Potentilla potentille
Rhus sumac
Robinia robinier, faux-acacia
Rosa églantine.Appartient aussi au s/Gr 2b
Spirea spirée : variétés de début d’été ou d’été comme : S.albiflora, S.japonica, S.bullata, S.tomentosa.
Styrax

sous-groupe 2b

Dans ce groupe, les fleurs ou dispositifs floraux se construisent dans l’été tardif sur les pousses à feuilles et non dès la fin de la période de végétation. Les ligneux de ce groupe, intéressants pour les bonsaïs sont :

Hibiscus hibiscus
Symphoricarpus symphorine

CONSEILS POUR LA TAILLE

La taille du ligneux considéré dépend du groupe ou du sous-groupe auquel on peut le rattacher. Il serait maladroit d’envisager déjà la formation de fleurs sur des plantes jeunes. Ceci aurait pour conséquence qu’il faudrait quelques années de plus pour arriver à un bonsaï de belle apparence.

Je recommande, chez les espèces qui, par leurs fleurs ou leurs fruits, attirent l’attention, de ne pas envisager la formation de fleurs pendant les 5 à 10 premières années selon les espèces. Cela veut dire qu’au cours de la période de végétation, il est toujours bon de tailler, quand cela est convenable, pour la mise en forme recherchée.

Je dépasserais la taille de cet article si, maintenant, pour chacune des espèces de plantes citées précédemment, je poursuivais en donnant des conseils pour la taille. Suivent donc quelques conseils fondamentaux :

Pour les espèces du sous-groupe 1a, c’est à dire les ligneux qui portent leurs fleurs le long de la pousse longue de l’année précédente, en règle générale on effectuera la taille des branches et des rameaux après la floraison de printemps. En fin d’hiver, quand en général pour les feuillus on effectue le rabattement des branches et des rameaux, on peut juste recommander un éclaircissement de la couronne et, quand il n’a pas eu lieu en automne, un rabattement des rameaux trop longs et fâcheux pour l’esthétique.

Si l’on admet que le bonsaï a atteint sa taille finale, alors il est judicieux de rabattre jusqu’à la base les vieux rameaux après leur floraison. Les rameaux qui sortent à la base des bourgeons latéraux ou des yeux dormants construisent alors les bourgeons à fleurs pour l’année suivante, dans le courant de la période de végétation encore à venir, à partir des bourgeons axillaires.

Il peut être aussi judicieux de renoncer complètement au rabattement d’un rameau isolé. Ainsi chez le forsythia. Dans ces cas là, le rameau pousse encore, à vrai dire vers l’extrémité, cependant en même temps, se développent des pousses latérales à partir des bourgeons à feuilles situés plus bas et vers le milieu et qui, en raison de leurs courts entre-nœuds et aussi leurs nombreux bourgeons axillaires, sont plus richement garnies en fleurs que les pousses longues à grands entre-nœuds qui seront construites après un rabattement sévère.

Si on taille, il est important que la taille ait lieu immédiatement après la floraison ;chaque jour représente, dans ce domaine, un gain ou une perte.

Chez l’elaegnus qui appartient aussi à ce groupe, il faut recommander de renoncer à un rabattement après floraison. Ceci est valable au demeurant aussi pour les ligneux qui font de l’effet par leurs fruits d’ornement. Chez eux, on doit favoriser la formation de nouvelles pousses à la base par un éclaircissement continu de la couronne à la fin de l’hiver. Les rameaux trop longs peuvent être raccourcis. Si l’on rabat après la floraison, les nouvelles pousses restent relativement faibles et la force vitale ne suffit pas pour créer les fleurs de l’année suivante. On devrait aussi renoncer aux fruits.

Chez les ligneux du sous-groupe 1b, c’est à dire ceux chez qui les bourgeons à fleurs se trouvent avant tout au sommet de la pousse de l’année d’avant, la taille doit être conduite de façon semblable. Comme, ici aussi, dès la floraison, le développement de nouvelles pousses se met pleinement en place, il est mieux de veiller à une formation constante de nouvelles pousses par un éclaircissement continu déjà au printemps. Au contraire du sous-groupe précédent, les extrémités des pousses qui se créent de nouveau en automne ou printemps ne doivent pas être rabattues même si la silhouette en était dépréciée. Avec l’éviction du sommet de la pousse, on enlèverait en même temps les fleurs de l’année suivante. Une taille d’éclaircissement au printemps favorise aussi la formation de fruits, mais un rabattement des pousses après la floraison arrêterait aussi la formation des fruits.

Pour les ligneux du sous-groupe 1c, dont les fleurs apparaissent sur les bois de 2 ans ou plus, la taille est des plus faciles. À la taille, il faut faire attention à ce que beaucoup de bois de 2 ans ou plus reste conservé.

Comme cependant les pousses courtes qui portent les fleurs n’ont pas une vitalité sans limite (en règle générale 2 à 6 ans), il est nécessaire, ici aussi, de veiller à un rajeunissement fait au bon moment. Cette taille de rajeunissement est à mener par priorité au printemps avant la poussée de végétation. On taille les cerisiers nains dès la fin de la floraison. Au cours de la taille, il faut veiller à ce que :

- Il reste suffisamment de pousses d’un an ; c’est à partir d’elles que se développent, dans l’année qui suit, les pousses courtes qui porteront les fleurs les années suivantes.

- Il reste suffisamment de pousses de 2 ans car elles fournissent le bois à fleurs pour l’année qui arrive.

- En plus, il subsiste des pousses de 3 ans ou plus qui, dans l’année qui vient, vont également fournir encore des bourgeons à fleurs. Ces pousses devraient être taillées dans l’année qui vient après la floraison, de telle sorte que puisse s’en suivre un rajeunissement.

Un pincement des extrémités des pousses sur le bois d’un an ou plus produit un effet avantageux sur la floraison.

Les ligneux du sous-groupe 2a correspondent - dans leur façon de fleurir, en ce qui concerne les fondements - à ceux du groupe 1a sauf que les fleurs ne se trouvent pas sur les pousses de l’année précédente, mais, en quelque sorte, constituent la fin de la période de végétation de l’année en cours. Un exemple typique est constitué par les roses.

La taille de ces ligneux devrait avoir lieux au printemps avant le débourrage, mais peut aussi être déjà menée à la fin de l’automne après la chute des feuilles. Même un rabattement sévère dans le vieux bois est possible ; il doit être carrément profitable aux fleurs. Un tel rabattement radical est usuel, par exemple, chez les spirées.

Chez les ligneux du sous-groupe 2b qui produisent des fleurs de façon suivie aux aisselles feuillues des pousses en croissance, la taille a lieu comme on l’a décrite pour le sous-groupe 2a.

jeudi 27 mai 2010, par Jean Devillers


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