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Quelques caractéristiques de la langue japonaise - III - Déchiffrages

Dans le quatrième article de sa série sur les jardins japonais paraissant dans France bonsaï ( n°72,56-61 (2009)), Fabrice Célestin
donne les kanji en regard des termes en rômaji. Cela est assez rare dans les revues de bonsaï et va nous permettre d’explorer les problèmes qui se posent dans les migrations kanji -> rômaji et rômaji -> kanji.

Comme le montre l’article, le tsukubai est une construction à l’aide de yaku-ishi couronnée par le chozubachi.

YAKU ISHI

役石 yaku signifie : rôle, service, fonction...C’est la lecture chinoise du kanji. Ishi est la lecture sino-japonaise du kanji. On est dans le cas de lecture ON-KUN d’une paire de kanji. La signification globale est " pierres qui ont un rôle". C’est effectivement le cas comme le montre l’auteur.

MAE ISHI

Ici l’auteur signale que deux lectures sont admises : mae-ishi (lecture kun-kun) et zen-seki ( lecture on-on)
Le premier kanji signifie "devant". Le nom est bien cohérent avec la fonction.

DODOME ISHI

Ici commencent les difficultés.Si le premier kanji est bien do, le second qui est différent du premier vient de to par altération consonantique. Il y a beaucoup d’homophones de to. Le kana qui suit me nous suggère qu’il fait partie de la terminaison d’un verbe. Dans les verbes commençant par ce kanji, il y a tomaru et tomeru. Dans la formation du mot composé, on laisse tomber la terminaison du verbe. Mais ici pour éviter la confusion on a conservé la syllabe me sous forme d’un hiragana. Le premier kanji signifie la terre, le sol..le verbe tomeru signifie stopper, retenir ..
On retrouve bien par les kanji le rôle de ces pierres.

TESHYOKU ISHI

Le premier kanji désigne la main et se prononce te (lecture kun ). Le second se lit shyoku ( c’est une des lectures on) et désigne la chandelle. le mot complet signifie donc "pierre pour chandelle tenue à la main".

YUTÔ SEKI

Le premier kanji se lit yu (lecture kun) et désigne l’eau chaude. Le second kanji se lit avec un o long (lecture on) et signifie seau. Ici le dernier kanji qui signifie pierre est lu "à la chinoise" !

UMI

Avec ce kanji qui se lit umi (lecture kun) et signifie mer on a affaire à une désignation symbolique.Voir les explications de l’auteur.

CHOZUBACHI

Couronnant l’édifice se trouve le chozubachi appelé aussi parfois mizubachi. Le troisième kanji se lit bachi par altération consonantique. Il s’agit de hachi (lecture on ) qui signifie bol, pot, couronne. Ici c’est plutôt une vasque. Comme on l’a vu le premier kanji désigne la main et le second l’eau. Il s’agit donc bien d’une vasque à ablutions. Le problème se trouve dans la lecture des deux premiers kanji. Si on peut admettre que mizu s’est réduit à zu dans ce nom composé, on ne trouve pas de lecture cho pour le kanji désignant la main (lectures on : shyu et zu ). Il doit s’agir d’une lecture rare qui n’est pas dans les dictionnaires en ligne.

KAKEHI

Ce kanji qui signifie "conduite d’eau" n’est pas facile à trouver. On trouve sa lecture kakehi dans les nanori.

HISHAKU

En fait le premier kanji ici se prononce hei (lecture on)et signifie, entre autres, poignée, manivelle, prise ...
Le second kanji se prononce shaku (lecture on ) et signifie louche, cuiller à pot.L’ensemble se lit hishaku et est considéré comme un mot japonais. D’ailleurs le second kanji seul, en lecture kun, est écrit hishaku en hiragana.

Les formes de chozubachi présentées dans l’article sont notées en rômaji. Jusqu’ici dans nos investigations nous disposions pour un mot composé des kanji, du rômaji et de la signification du mot. Un exercice plus périlleux va être de proposer une écriture en kanji basée sur le rômaji et la signification des formes de chozubachi.
Il y a , en gros, deux familles de mots : celle en ishi et celle en gata.

Les mots en ishi caractérisent la pierre du chozubachi.

ISHI USU

Nous connaissons le premier kanji. Le second est trouvé facilement dans les dictionnaires (lecture kun) et signifie mortier.

MISUBORE ISHI

Misu nous fait penser à l’eau. Bore nous fait penser à un verbe tronqué avec, peut-être altération consonantique d’un h en b.
Le verbe horu existe et signifie creuser dans sa forme transitive. Il doit exister une forme intransitive (être creusé, se creuser) qui serait horeru. Si on admet cela ,on retrouve la signification donnée et on peut écrire :

Notons, cependant, que le mot misu existe également, soit sous forme d’un seul kanji, soit d’un kanji accompagné de l’hiragana su. Mais les significations ne conviennent pas dans ce cas.

Gata vient, en fait, de kata, par altération consonantique, et signifie forme ou style. Son kanji est :

GINKAKUJI GATA

La terminaison ji montre ici qu’il s’agit d’un temple bouddhique. Les temples shinto sont désignés autrement. Le kanji lié à ji est :

Ginkaku doit apporter une précision.

kaku a pour kanji :

et signifie : tour, édifice élevé, palais.

Gin dont le kanji est :

signifie argent. Il s’agit donc du temple au pavillon d’argent, et, par conséquent, il s’agit du style que l’on trouve au temple du pavillon d’argent (Kyoto). Finalement, l’expression en kanji est :

NATSUME GATA

Natsume est la lecture ON du kanji :

qui signifie jujube, fruit ovale du jujubier. D’où l’expression globale :

TEPPATSU GATA

Là il faut sérieusement s’accrocher ! La forme sphérique du chozubachi est en relation avec le monument funéraire classique des moines bouddhistes (tour "Gorin"), dont la 2° partie, à partir du bas, est une sphère qui rappelle leur bol à aumônes en métal.On peut décomposer le mot comme suit :

dont la lecture ON est tetsu qui signifie fer.

dont les lectures ON sont hachi ou hatsu avec pour signification bol.
L’ensemble devrait se lire tetsuhatsu gata que l’usage a transformé en teppatsu gata. Noter que l’on peut dire aussi teppachi gata. La suite des kanji est donc :

KIKU GATA

La traduction est ici "en forme de chrysanthème" car kiku est la lecture ON du kanji :

. D’ où :

Cet article, comme les précédents, a été rédigé en utilisant :

  • The new Nelson japanese-english character dictionary revised by John H. Haig (Tuttle éditeur).

mardi 17 novembre 2009, par Jean Devillers


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