Bonsaï-club du Lauragais
votre club de bonsaï du sud toulousain

Une activité du Foyer Rural de Pompertuzat
31450 POMPERTUZAT

Club affilié à la Fédération Française de Bonsaï


UNE OCCUPATION D’ APRES - MIDI D’ HIVER (II)

Horst Daute, Journal Bonsai N° 2,72-75,(1985)

Dans le Bonsai_Journal N°1 de 1985, nous avons vu comment Horst Daute avait conçu grossièrement un bonsai à partir d’un cyprès-coquillage planté en container. Les premiers pas dans la mise en forme, comme l’éclaircissage, le racourcissement et la taille des racines ont été effectués. Le bonsai "brut" a été planté provisoirement dans un pot à bonsai.
Maintenant, aujourd’hui, nous allons voir comment le cyprès-coquillage va être ligaturé et, par là, acquérir sa forme définitive.

Aujourd’hui,quelques deux mois après la mise en forme première, la plante à l’abri de la serre, s’est remise du premier choc de la taille des racines et doit maintenant être amenée temporairement à sa forme définitive.
Je me propose de mettre en forme la couronne en étages, avec les branches pendantes dans le domaine inférieur du tronc, horizontales au milieu et les jeunes branches, poussant en broussaille vers le haut, au sommet de l’arbre. Les feuillages des deux troncs isolés doivent selon la forme "double troncs" s’imbriquer " et former ainsi une couronne fermée.
La meilleure approche, dans ce cas-ci, pour l’œil pas encore parfaitement exercé, est de travailler alternativement avec le fil et la pince, ça veut dire : d’abord ligaturer, voir quel effet en résulte et puis enlever les branches éventuellement excédentaires ou gênantes.
Les fils eux-mêmes sont introduits de bas en haut et de l’intérieur vers l’extérieur ; ceci déjà sur les bases théoriques de la mise en forme, mais, également pour obtenir une stabilité statique dans le système de ligaturage.
Comme je ne peux rien corriger dans la forme du tronc principal, vient le tour des branches basses.
Avec prudence , je les tire dans la position choisie pour éprouver l’élasticité du bois. Après le ligaturage on peut facilement oublier cela et avoir une mauvaise surprise : dans le pire des cas, perte de la branche avec destruction de l’équilibre de toute la plante.

Les branches principales du cyprès-coquillage sont ligaturées et amenées dans la position temporaire.
Chaque fois deux branches sont ligaturées en opposition. Comme le bois est très dur on doit prendre du fil de 3,5 à 4,5 mm. Aux endroits où le diamètre des fils n’est pas suffisant on utilise le fil en deux enroulements parallèles.

Attention : le bois est dur et cassant ;


Comme les cyprès-coquillage poussent très lentement leur bois est très dur et cassant et ceci surtout en hiver quand ils ont moins de sève. Pour pouvoir corriger et fixer efficacement les branches et rameaux en bois dur, on doit alors utiliser des fils relativement rigides qui sont assez gros comme le bois lui-même. Quand alors le fil d’aluminium de 4,5 mm de diamètre ne suffit pas pour obtenir l’effet voulu, on doit à l’endroit critique, le dédoubler et, en outre, mettre les deux brins parallèles et proches l’un de l’autre.


Chaque fois deux branches seront ligaturées en opposition.


Chaque fois que deux branches ou rameaux d’à peu près même grosseur poussent proches l’un de l’autre, ils seront, pour une question de stabilité, ligaturés en opposition. On peut donc ainsi non seulement les corriger dans leur forme mais aussi fixer exactement leur emplacement par rapport au tronc.
Vers l’extérieur, le fil épais ne peut naturellement pas atteindre les extrémités les plus fines, il est coupé avant et ancré dans un creux de branche, ce par quoi on le ramène en arrière.
Pour donner un peu de forme dans le fouillis des branches, pour avoir une idée de la "substance" présente, je ligature maintenant, avant tout travail fin, de la même façon toutes les branches du bas vers le haut. La forme définitive est maintenant déjà un peu reconnaissable ; le contour général montre un triangle quelconque, est construit de façon asymétrique et apparait toutefois comme équilibré.


Le contour général montre un triangle aux côtés inégaux.


Ce qui est à faire maintenant est un travail de bénédictin : pratiquement tous les petits rameaux doivent être ligaturés et disposés horizontalement en éventail. En outre, les différentes pointes des rameaux construits en forme de coquillage seront tournées de telle sorte qu’elles soient à plat au dessus les unes des autres.Lors de la ligature des rameaux d’une branche on se souvient donc de celui d’entre-eux qui devra faire saillie du contour commun et être épointé. Comme pour les branches, tous les rameaux qui poussent incorrigiblement vers le haut ou vers le bas doivent aussi être traités
Donc ne pliez pas violemment toutes les petites branches disponibles en un écheveau inextricable pour qu’aussitôt, autant que possible, elles deviennent des branches épaisses. Plutôt, émondez aussitôt soigneusement car, une petite branche encore insignifiante, qui ne gêne que peu, sera plus tard un véritable perturbateur, qui donc doit encore s’assouplir


Dans une couronne bien éclaircie peut entrer plus de lumière.


Dans une couronne bien éclaircie plus de lumière peut pénétrer et favoriser de fait la croissance des éléments de la plante, ce qui veut dire qu’une branche séparée ligaturée en forme d’éventail redeviendra d’elle-même forte dans le cours de quelques années. Ce procédé soutenu permet par un pincement régulier des jeunes pousses vert clair, en été, que la plante, à la repousse, conduise à de nouvelles branches plus loin dans la couronne, bien que parfois dans des endroits non désirés.
La mise en forme du cyprès-coquillage maintenant est d’abord à terminer mais non parachevée pendant longtemps. L’arbre sera ,au printemps, mis dans une petite place, à mi-ombre, à l’air libre, et recevra les premiers engrais. Dans le courant de l’été,il devra créer abondamment de nouvelles racines pour, éventuellement, dans un an, être transplanté dans un pot à bonsai quelque peu plus petit. L’actuel atteint nôtre objectif mais se révèle, pour nôtre bonsai, trop grossier. Un pot plus petit, ovale, pourra certainement mieux souligner la forme.
Ensuite, pour l’évolution ultérieure de l’arbre, il est mieux d’utiliser un pot un peu trop grand. A la taille des racines, l’arbre perdrait trop de racines valables et le danger s’installerait que l’arbre ne survive pas à sa mise en forme en bonsai. Donc nous prendrons un peu plus de précautions avec la plante.
Les structures établies par ligaturage à l’intérieur de la couronne émergeront nettement dans quelques années avec un feuillage plus épais.
Le cyprès-coquillage est un arbre qui pousse très lentement, c’est pourquoi il n’est pas requis aussi de pincer le feuillage rapidement. Cela a des avantages mais aussi des inconvénients, si on a coupé trop court une pousse, il faut très longtemps avant que l’erreur de mise en forme soit compensée.
Avec environ plus de un mètre de hauteur totale, on pourra bientôt compter le présent bonsai parmi ce que l’on appelle les "bonsai de jardin". Les bonsai de jardin de plus de deux mètres de haut ne sont pas rares et jouent un rôle très décoratif dans la mise en forme des jardins japonais ; ils développent aussi leur pleine efficacité quand ils sont exposés dans un environnement simple sur la terrasse, dans un jardin couvert ou dans l’atrium.

Le bonsai terminé. Dans les années à venir les "étages" deviendront encore plus épais.

mardi 3 novembre 2020, par Jean Devillers


Espace d’édition - Site fabriqué avec SPIP
© 2008 - 2021 Bonsaï Club du Lauragais